Commission de consultation sur les pratiques
d’accommodement reliées aux différences culturelles

Mémoire

de

Bruno Déry

à titre personnel,
et pour tous ceux qui le veulent bien.
Le 20 octobre 2007

Introduction

Le fondement sur lequel repose cette commission, les accommodements raisonnables, est inconstitutionnel.

Nous sommes dans une société libre et démocratique, telle qu’affirmée clairement dans notre constitution; cette loi consensuelle à laquelle personne n’échappe, surtout pas le pouvoir politique qui est encadré par elle.

Le pouvoir politique qui a créé cette commission a déjà démontré, à de nombreuses reprises, son désir d’instrumentaliser à son profit cette commission, avec comme levier la situation actuelle de panique sociale, pour imposer ses idéologies à l’encontre même de notre constitution; constitution qui a comme rôle, entre autres, de protéger les citoyens de ceux qui veulent leur bien.

Notre constitution, notre loi du consensus social fondamental, est très claire : toutes les limites aux libertés d’une personne doivent se justifier raisonnablement. Aucune personne n’a le fardeau de la preuve, personne n’a à justifier ses libertés; car la personne humaine doit nécessairement être libre pour que la société puisse prétendre être elle-même libre. Mais, avec les accommodements raisonnables, on affirme implicitement que c’est la personne qui doit justifier raisonnablement le respect de ses libertés. Notre constitution affirme clairement que le fardeau de la preuve pour limiter les libertés des personnes appartient à l’État, aux institutions et organismes de tous genres. Pas de personnes, pas de personnes libres, alors pas d’État et d’institutions libres. Ce n’est pas le citoyen qui doit se justifier, justifier les accommodements que l’on voudra bien lui accorder avec un prétendu esprit d’ouverture, avec une prétendue générosité souveraine.

Il est trop évident, dans les faits, que tous ceux qui sont en position de pouvoir n’entendent pas à négocier, à accommoder, tant qu’ils n’y sont pas contraints. Oui, il est préférable que tous nous cherchions ensemble à nous entendre pour partager notre espace commun. Par contre, cette commission n’a pas été créée parce que tout allait bien dans le partage de cet espace commun; mais parce que nous en sommes venus à la division, à la division en parts strictement égales d’un espace que nous voulons de moins en moins commun. Non, ce ne sont pas les immigrants le problème, mais nous, nous-mêmes, le nous inclusif, le nous qui veut que l’espace commun soit strictement à notre ressemblance, à notre forme commune, à notre strict conformisme, ou qu’il ne soit pas, qu’il ne soit plus commun, devenant divisé en parts strictement égalitaires, des divisions privées individuelles.

C’est l’idéologie égalitariste, idéologie qui est motivée par la méfiance et la jalousie, l’idéologie de la division, contraire à celle de l’unité et du partage, qui enferme la suite qui sera donnée à cette commission. Cette commission est fondée, dès le départ, uniquement sur les ajustements des divisions de l’espace public que nous appelons accommodements. Il est évident que le vent idéologique actuel est que l’espace public ne soit pas commun, ne soit pas partagé, mais divisé. L’idéologie qui se dessine est que l’espace public devienne un espace strictement divisé, divisé selon la norme que cette commission a la charge de proposer, divisé selon le vent conformiste identitaire, divisé selon l’idéologie égalitariste que les politiciens attendent de pouvoir imposer.

Tout être humain est en lui-même digne; possède une dignité inaliénable de par sa nature. Toutes remises en question de cette valeur ultime consensuelle remettent nécessairement en cause le respect de la dignité humaine de tous, y compris de ceux qui refusent de la reconnaître à tous. Certaines libertés sont considérées fondamentales, car elles sont nécessaires pour respecter les aspirations de l’être humain à s’épanouir selon le sens qu’il donne librement à son existence. Le sens donné librement à sa propre vie est ce qui caractérise la nature humaine, ce qui fonde sa dignité. Ces libertés sont aussi inaliénables, car aucune personne ne peut les céder sans remettre en cause son autorité à pouvoir les céder. Remettre en cause les libertés fondamentales et inaliénables, c’est remettre en cause le respect de la dignité humaine de nous tous.

La société est la somme partagée de ce que sont les êtres humains qui la composent. Nous ne pouvons prétendre nous épanouir socialement si individuellement nous écrasons la somme de nos humanités. Remettez en cause le consensus ultime de la dignité humaine et des libertés associées qui sont enchâssées dans notre constitution, et vous remettrez en cause le respect inaliénable qui vous est dû actuellement. Ainsi, le droit deviendra ce que le plus fort décrète sans vous consulter, sans vous respecter.

En matière de respect des droits et libertés des citoyens, l’État canadien a récemment fait confiance à l’État québécois pour la protection des droits et libertés constitutionnelles des citoyens. L’État québécois s’est empressé d’utiliser un vent social soudainement favorable pour enlever des droits et libertés à ses citoyens, et ainsi imposer les idéologies de certains biens pensants avec sa loi 95. Non, ce n’est pas la faute aux immigrants, mais celle des Québécois « pure laine » si l’Assemblée nationale a démontré unanimement que la Charte québécoise des droits et libertés n’a pas plus de valeur que du « papier cul » ! De ce fait, l’État québécois contraint maintenant ses propres citoyens au fardeau de justifier leurs droits et libertés universellement reconnus, l’État québécois impose ceci à ses propres citoyens par un usage abusif du pouvoir exécutif de l’État.

Nous avons de très bonnes raisons de ne pas croire aux bonnes intentions de ceux qui veulent notre bien, les paternalistes et maternalistes bienveillants qui veulent changer la Charte ou créer une constitution. Non, nous n’avons pas confiance, et avec raisons. Non aux ambitions de pouvoir de ceux qui veulent notre bien malgré nous. Non à l’obscurantisme de biens pensants bien de chez nous. Les peurs et le climat de panique actuel ne me rendront pas assez fou pour aliéner mes droits et libertés à ceux qui prétendent vouloir notre bien. Non, l’Assemblée nationale n’a pas le mandat de limiter nos droits et libertés inaliénables, même avec les meilleures intentions du monde. Non, ils ne profiteront pas du climat actuel pour nous f... !

Bien que cette commission soit basée sur une orientation juridique implicitement erronée, elle est justifiée par ce forum des citoyens, parce qu’elle est un lieu de liberté d’expression.

Avant d’entamer les éléments particuliers de ce mémoire, j’affirme que tout le débat actuel sur les accommodements raisonnables n’est que l’expression de frustrations provenant de jalousies qui prennent pour assise l’égalitarisme, une idéologie de division aliénante, une idéologie qui impose des oeillères nocives, et qui ultimement provient de la méfiance et de l’égocentrisme. Jalousie égalitariste. Combien de restrictions suis-je prêt à m’imposer pour que l’autre n’ait rien de plus que moi ? Que dois-je faire pour imposer à l’autre de marcher le cul serré, parce que moi je suis constipé ? Jusqu’à quel point suis-je prêt à aboyer et mordre pour défendre jalousement ma part strictement égale de la division de l’espace public, ma niche ? Égalitarisme aliénant...


Justice, lois et valeurs

Une large part du débat actuel est liée à la conception de la justice, à ce que nous considérons juste. La conception humaine de la justice n’est pas un absolu. Affirmer l’absolutisme d’un concept de justice revient à imposer un dogme légaliste, à imposer une religion d’État. Nous ne vivons pas ensemble par la contrainte d’un absolutisme légal, mais par la volonté d’un accord, même implicite, qui nous donne une base commune minimale de justice. Mais, cette base minimale, nous permet-elle d’imposer tout le reste ? Jusqu’où va cette base commune implicite ? Jusqu’où sommes-nous un Nous et cessons-nous d’être des Je ?

La justice ne naît pas de la loi, mais la loi naît de nos injustices.

La loi est le reflet de nos échecs à vivre ensemble.

L’égalité entre hommes et femmes doit être une grande valeur qui caractérise notre société ? Est-ce sensé de baser notre vie ensemble sur la division, même une division strictement égalitaire ? Comment peut-on espérer bâtir une société de gens qui vivent ensemble, lorsque l’un de nos premiers objectifs, l’une de nos premières valeurs est la division ? C’est franchement insensé d’affirmer, d’un côté notre solidarité, et de l’autre faire de la division une pierre de fondation de notre vie commune. Bâtir l’unité avec la division ? Est-ce la peur, la jalousie, la méfiance des autres qui nous auraient rendus tous fous au point d’être aveuglés par une évidence ? Bâtir l’unité avec la division ? L’égalitarisme est une idéologie aliénante. L’égalitarisme nous impose des oeillères nocives.

La loi est le reflet de nos échecs à vivre ensemble. En faisant de l’égalité entre les hommes et les femmes une de nos grandes valeurs, voulons-nous affirmer fièrement, crier haut et fort au monde entier, nos échecs à vivre ensemble ? Voulons-nous dire qu’au Québec, la manière que les hommes et les femmes ont de vivre ensemble est la division, le chacun-pour-soi, le chacun sa part strictement égale ? Est-ce sensé de baser la vie commune des hommes et des femmes sur la division, division égalitaire, mais toujours fondamentalement une division ? Est-ce que nos injustices nous condamnent à la médiocrité irrémédiable dans nos relations entre hommes et femmes ?

Est-ce qu’un ministre des finances utiliserait une nouvelle loi pour gérer les faillites comme fer de lance de sa politique économique ? Est-ce que notre supposée avancée sociale au Québec dans nos vies communes d’hommes et de femmes doit être de déposer notre bilan de faillite ? Les statistiques actuelles nous démontrent de manière éloquente que l’idéologie québécoise qui guide actuellement nos vies de couple est loin de pouvoir prétendre être supérieur à celle des autres. Notre bilan en est un de faillite. Les faits démontrent que nous sommes très prétentieux de vouloir faire la morale aux autres. Je crois tout de même aux miracles, car c’est un miracle que tant de couples vivent encore fidèlement ensemble avec nos conceptions actuelles des relations hommes femmes.

À quoi sert la loi égalitariste sur le divorce, si ce n’est que pour gérer l’échec du vivre ensemble entre les hommes et les femmes ? Devons-nous faire de cette loi égalitariste de l’échec le fer de lance de notre politique sociale des relations entre les hommes et les femmes ? À quoi servent nos lois si ce n’est que d’appliquer une division à part strictement égale dans nos conflits, à gérer nos échecs ? Devons-nous, dès le départ de nos vies communes, affirmer que tout ce que nous bâtissons ensemble, hommes et femmes, est basé sur la méfiance de l’autre ? Comment pouvons-nous espérer réussir si notre point de départ est le constat d’échec ?

À quoi sert l’égalité des hommes et des femmes lorsque la base de leur vie commune n’est pas la division strictement égalitaire de leurs possessions, mais le partage de leur vie, la communauté du « ce qui est à nous tous » est à nous tous, la communion de toute leur vie ? L’égalité entre hommes et femmes, à quoi cela sert, si ceux-ci vivent unis, vivent dans le partage, si ceux-ci vivent dans la justice ? Devons-nous tenir la comptabilité de nos fautes relationnelles pour en redemander des comptes égalitaristes ? Sommes-nous condamnés à la comptabilité des reproches dans nos relations ? Préférons-nous vivre constamment dans les reproches mutuels, ou rebâtir, jour après jour, notre vie commune ? Désirez-vous vivre dans une société de méfiance, de reproches, de « bean counter » égalitaristes ?

La justice ne naît pas de la loi, mais la loi naît de nos injustices.

Peut-on prétendre que nos lois sont justes alors que leur existence même est liée à l’absence de justice ? Nos lois nous condamnent-elles à une justice d’injustes ? Nos lois seraient-elles une justice minimale, ou encore une justice du moindre mal ? Trouve-t-on une trace de vérité sur ce qui est juste dans nos lois créées par une société d'injustes ? Sommes-nous avisés de suivre nos lois comme de bons guides en matière de justice alors que nos lois sont une justice minimaliste ? Devons-nous faire d’un minimum une de nos grandes valeurs communes ? Sommes-nous « nés pour un petit pain » de justice ? Les hommes et les femmes aspirent-ils à une justice minimaliste, à l’égalitarisme, dans leur relation ?

L’égalité des hommes et des femmes est-elle une valeur sur laquelle nous voulons bâtir nos vies communes; où est-ce une loi pour gérer nos échecs dans un contexte de méfiance ? L’égalité des hommes et des femmes est-elle une grande valeur de notre société québécoise ? Devons-nous croire ceux qui veulent nous l’imposer comme valeur ? Devons-nous porter les oeillères que certains veulent nous imposer ?

Des gens peuvent croire dans leur dogme égalitariste, mais je crois avoir justifié raisonnablement que ces gens ne peuvent prétendre détenir une grande vérité immuable, une vérité qui s’impose à tous. N’imposons pas nos échecs à tous; ne faisons pas de nos échecs la norme de notre vie commune. N’imposons pas à tous nos injustices. Vous pouvez croire dans une justice égalitariste, mais je peux croire en une autre justice, une justice que j’estime personnellement bien supérieure à la justice des Hommes, à la justice pharisienne. Cette justice, c’est celle de Jésus-Christ, proclamée au sein de l’Église catholique fondée par Lui, la justice qui n’a pas à céder le pas aux dogmes égalitaristes aliénants que certains voudraient imposer à tous. Oui, j’ai justifié raisonnablement que ma religion n’a pas à s’agenouiller devant les dogmes égalitaristes des autres.

Chacun donne selon ses capacités; chacun reçoit selon ses besoins.

Les enseignements de Jésus-Christ, que l’on retrouve dans le Nouveau Testament, parlent souvent de justice, mais jamais ils ne parlent d’égalité ! Jésus-Christ aurait-il omis une si grande vérité, ou cette vérité est-elle seulement celle des pharisiens accrochés à leurs lois faites de mains d’Hommes ? De nombreux enseignements de Jésus-Christ contredisent clairement la justice égalitariste, tout en démontrant la supériorité de sa Justice.

Chacun donne selon ses capacités; chacun reçoit selon ses besoins. Cela n’a rien d’égalitaire, et pourtant cela semble une justice beaucoup plus humaine, plus respectueuse de la dignité humaine de tous. La justice chrétienne n’est pas égalitariste, mais elle est raisonnablement justifiable, même dans une société laïque. Chacun donne selon ses capacités; chacun reçoit selon ses besoins. Ce concept de justice n’a pas besoin de s’inventer des exceptions dites de « discrimination positive » contraires à l’égalitarisme utopique.

Chacun donne selon ses capacités. La pauvre veuve (Marc 12, 38-44), qui, bien qu’ayant donné moins que tous, selon la justice des scribes, la justice des Hommes, a donné plus que tous selon la Justice de Dieu; car elle a donné de son essentiel, elle s’est donnée. Les scribes, les spécialistes de la loi des Hommes, n’y comprennent rien à la Justice divine qui, elle, est plus humaine. Il y a aussi les serviteurs qui ne reçurent pas le même nombre de talents (Mathieu 25, 14-29), mais qui ont tous dû faire fructifier les talents qu’ils ont reçus à la mesure du don qu’ils ont reçu. Aucun d’eux n’a reçu une part égale de talent; aucun d’eux n’a retourné une part égale de profits; et pourtant, ils sont tous des justes. Tous justes, sauf celui qui s’est comporté comme un chien de garde féroce, prêt à morde tous ceux qui pourraient lui enlever sa part, sa possession jalousement défendue. Un chrétien ne donne pas sa part strictement égale; il donne tout ce qu’il peut faire fructifier avec ses talents qui n’ont rien d’égalitaires.

Chacun reçoit selon ses besoins. L’ouvrier qui est arrivé à la dernière heure (Mathieu 20, 1-16) a reçu le même salaire que celui qui est arrivé à la première heure du jour. C’est injuste ? À travail égal, salaire égal ? Un point de vue égalitariste aliénant qui nous empêche de voir la vraie Justice ? En recevant chacun selon leurs besoins, ils ont pu, tous deux, pourvoir à l’essentiel des besoins de leur famille respective. On ne peut donner moins que l’essentiel; et pourquoi donner plus que le besoin réel ? Est-ce que le besoin de chacun dépend de ses propres capacités ? Le salaire divin est selon les besoins de chacun, pas selon le désire, la convoitise de s’élever au-dessus des autres, la jalousie de ne pas avoir sa part qui nous appartient exclusivement, en propre, égoïstement. La Justice divine du travail n’est pas celle des pharisiens égalitaristes. Regardez les oiseaux des champs (Luc 12, 22-27), n’ont-ils pas reçu selon leurs besoins ? Les lys ne sont-ils pas revêtus comme nul autre puisque cette beauté leur est nécessaire pour porter fruits ? Un chrétien ne prend pas sa part égale; il reçoit ce dont il a besoin. Un chrétien ne vol pas une part égale, même légalement, pour satisfaire son désire.

On ne peut aborder la question des accommodements raisonnables sans aborder la question sous-jacente de la conception de ce qui est juste, de la justice. Certaines personnes voudraient faire l’économie de cette question pour être certaines que leur vision des choses soit imposée à tous. À une certaine époque, la quasi-totalité des gens croyait que la Terre était plate, et ceux qui pensaient autrement étaient traités de fous. Je crois avoir démontré raisonnablement que la justice égalitariste, telle que conçue par un grand nombre de gens, n’est pas une vérité absolue sur laquelle doit s’ériger solidement l’édifice des accommodements raisonnables. Certaines personnes peuvent croire que la Terre est plate et que la justice est nécessairement égalitariste, mais je ne suis pas obligé à me mettre à genou devant leur dieu pharisien, devant leurs lois humaines aliénantes.

Certaines personnes, parce qu’elles sont constipées, voudraient que tout le monde marche le cul serré par solidarité égalitariste. Moi, je préfère vivre avec les libertés des autres, que d’être obligé de marcher le cul serré. Moi, je préfère vivre avec les autres. C’est la conception égalitariste de la justice qui mène tant de gens à l’intolérance de la liberté des autres. L’idéologie égalitariste nous engouffre dans l’intolérance. Libérons-nous de cette idéologie destructrice.

Est-ce que madame Christine St-Pierre, ministre libéral, a l’intention d’appliquer intégralement son idéologie égalitariste à tous les Québécois et Québécoises ? Va-t-elle, en suivant l’intégrisme idéologique de sa loi pharisienne, procéder à la lapidation publique des femmes québécoises qui préfèrent une femme gynécologue; tout en incluant nécessairement ces femmes, pas voilées, mais violées, parce qu’elles préfèrent doublement, une femme policière et une femme médecin ? Je demande à madame St-Pierre, ainsi qu’à la Commission du Statut de la Femme, qui n’est pas également du Statut de l’Homme, mais qui est un organisme d’État, de ne pas imposer leur idéologie égalitariste, c'est-à-dire l’échec du vivre ensemble des hommes et des femmes, comme valeur, comme dogme pharisien. Non, moi, mon épouse et mes enfants n’avons pas besoin de faire de nos échecs de société, la voie d’épanouissement à suivre dans nos vies communes d’hommes et de femmes. Ne nous imposez pas à croire dans le dieu Diviseur.


Grande noirceur tranquille

Puisque les accommodements raisonnables sont liés à notre histoire et à notre identité...

Beaucoup de gens s’autoproclament ouverts d’esprit. L’ouverture d’esprit est une notion relative : s’il y a des gens ouverts d’esprit, alors il y a nécessairement des gens bornés. Tous ceux qui ne pensent pas comme ceux qui sont ouverts d’esprit sont nécessairement des gens bornés. Nous sommes tous les bornés, les obtus, les fermés d’esprit de quelqu’un d’autre; l’autre qui n’a pas nécessairement tord avec la paille qu’il a dans l’oeil. Lorsque j’affirme être ouvert d’esprit, j’affirme que les gens bornés sont ceux qui ne pensent pas comme moi.

J’ai entendu beaucoup de choses sur l’histoire du Québec et de l’époque dite de sa « grande noirceur »; mais je n’ai jamais entendu parler d’un curé qui est entré chez quelqu’un pour mettre une arme sur la tempe du père de famille et exiger que toute la petite famille aille à la messe du dimanche. Ce que j’ai entendu très souvent, c’est que, si les gens n’allaient pas se faire voir la face à la messe du dimanche, ils auraient été mal vus par leurs voisins, ils auraient été l’objet de ragots, de médisances, d’exclusion social, etc.

Ce que j’ai toujours entendu de l’histoire de la « grande noirceur » au Québec, ce sont des histoires de pression sociale, de conformisme, de contraintes, et d’exclusions qui ont nié les libertés de nombreuses personnes. De nombreuses personnes ont réclamé, à la période dite de la « Révolution tranquille », de voir leurs libertés respectées afin de ne plus être soumises au conformisme social de l’époque, de ne plus vivre la « grande noirceur » pré-Révolution tranquille. Aujourd’hui, le conformisme social contraignant n’est pas mort, il se porte même trop bien : les nombreux témoignages récents au sujet des accommodements raisonnables le démontrent, avec comme promoteur les plus grands prêcheurs du conformisme, les journalistes, à chaque fois que l’occasion de monter en chair leur est donnée.

La Révolution tranquille ne nous a pas libérés; nous avons seulement changé de maître, de maître à penser...

L’Église catholique était coupable de toutes ces contraintes, de ce conformisme social, de ces exclusions; mais l’Église catholique, c’était nous ! C’était nous les coupables, la religion catholique n’était que l’instrument, que le point de convergence de notre identité. Ce qui a permis à notre identité de survivre est la force de notre conformisme identitaire, notre conformisme catholique. Alors, nous avons utilisé cet instrument de survie identitaire que nous avons imposé, imposé à tous, pour que notre identité commune survive. L’histoire de l’identité québécoise est une histoire de peur de l’assimilation, une histoire de réaction conformiste à cette panique. L’histoire du Québec est une histoire de peureux pris de panique qui se sont enfermés dans le conformisme rassurant; une histoire malheureusement toujours bien actuelle avec un autre instrument nommé « NAtion ».

Au lieu d’affronter nos erreurs communes lors de la Révolution tranquille, nous avons préféré pointer un coupable. En nous dissociant de l’Église catholique, et en accusant les autres, ceux, entre autres, qui ne semblaient pas être comme nous : les prêtres, les religieux et les religieuses, tous ceux avec des habits différents des nôtres; nous avons pu nous éviter un examen de conscience trop dérangeant parce qu’ainsi nous ne nous sentions pas concernés. On pouvait se donner l’impression d’avoir la conscience tranquille; la conscience apparemment tranquille dans une apparente révolution. Nous avons préféré nous enfouir la tête dans le sable au lieu de régler notre problème identitaire, problème qui se pointe encore le nez aujourd’hui. Nous n’avons rien réglé du problème du conformisme social durant cette apparente révolution; nous avons seulement décidé ensemble, par conformisme encore, de ne pas voir notre problème, d’être aveugles, de demeurer dans une grande noirceur tranquille. Aujourd’hui, les prêcheurs identitaires ont changé, mais leurs dogmes sont maintenant soutenus par un pouvoir beaucoup plus contraignant, un État-NAtion.

Nous sommes toujours coupables (1) de ces contraintes, de ce conformisme social aliénant, de ses exclusions, même si notre identité commune n’est plus la religion catholique. Nous sommes coupables (2). Même si nous refusons le sentiment de culpabilité, la vérité elle ne disparaît pas : nous sommes coupables (3). Ce n’est pas la religion catholique qui a contraint tout le monde, mais nous qui avons fait de la religion catholique la pointe de l’iceberg de notre conformisme, l’instrument, l’outil bien utile en son temps. C’est facile de se déresponsabiliser en pointant les autres, en se désolidarisant; mais le fond ne change pas lorsque nous n’affrontons pas le vrai problème. Tant que la religion catholique sera l’accusé, la responsable désignée de la grande noirceur, nous ne sortirons pas de l’obscurantisme qui est toujours le nôtre, celui que nous nous imposons à nous même. N’accusez pas encore les autres, les immigrants : ce sont les bons petits Québécois pure laine qui s’imposent à eux-mêmes de marcher le cul serré.

Qui suis-je pour présenter ma version de l’histoire du Québec ? Je n’ai de toute évidence pas l’expérience requise pour en parler ! Il a aussi beaucoup d’autres gens, tout aussi prétentieux, qui affirment savoir : colportant ragots, rumeurs, ouï-dire, préjugés, etc. Alors, écoutons ceux qui ont l’expérience de cette époque et qui ne se gênent pas pour en parler; ceux que nous avons tous entendu répéter les événements frustrants qu’ils ont connus, qu’ils n’ont pas oubliés. Mais, est-ce qu’une personne qui reste accrochée à ses frustrations pendant plus de 40 ans est une personne qui est de bons conseils ? Si vous voulez vivre le reste de votre vie frustré, suivez leurs conseils, ils sont experts dans l’art de vivre frustré. Par contre, si vous rencontrez quelqu’un qui a réussi à se libérer de ses frustrations, alors vous avez quelqu’un de bon conseils pour vous aider à vous libérer vous-même de vos frustrations. Où sont-ils ces gens d’expérience, ceux qui ont vécu cette époque et qui n’en gardent pas un souvenir prisonnier de leurs frustrations ? Où sont-ils ceux qui se sont vraiment libérés lors de cette Révolution tranquille ? Avant de dire que la paille dans mon oeil m’empêche de voir, retirez donc la poutre dans votre oeil qui vous aveugle...

La Révolution tranquille ne nous a pas libérés; nous avons seulement changé de maître, de maître à penser...

Enfin ! L’Église catholique est enfin libérée du carcan de devoir être le cadre porteur de l’identité de la nation canadienne-française selon la volonté commune, selon la peur commune. Ce n’est pas la nation québécoise, ni la société, ni l’État qui se sont libérés lors de la Révolution tranquille; mais c’est l’Église catholique qui s’est libérée du carcan de la peur identitaire, de l’identité nationale, et de son instrumentalisation par l’État qui asseyait ainsi son pouvoir sur les masses.

Enfin libéré ? Malheureusement non; puisque maintenant certaines personnes veulent chasser la communauté catholique de l’espace public, rejetant son conformisme passé, mais voulant imposer leur nouveau conformisme à eux; prétendant, eux, offrir de grandes vérités, des dogmes que l’on ne peut pas remettre en question, des idéologies servant au conformisme selon leurs vérités toujours plus contraignantes. Oui, le conformisme est bien vivant dans ce Québec post-tranquille. Ce conformisme identitaire s’incarne de plus en plus dans une nouvelle idéologie, une nouvelle religion, devant laquelle nous devrons tous nous mettre à genou; religion qui sera encore instrumentalisée par l’État dans ses lois, ses chartes et sa possible constitution; instrumentalisée bien avant la fin de cette commission.

Certaines personnes affirment la nécessité de la division strictement égalitaire de la Terre. D’autres prônent le néant de l’espace public pour vivre ensemble dans une paix factice. Égalitaristes ou laïcistes, aucun d’eux n’affirme que ce qui prime dans l’espace public est l’être humain. Mes libertés s’arrêtent où celle des autres commence ? Pourquoi y aurait-il des limites à ma liberté lors je partage, comme les autres, l’espace public. Pourquoi l’autre devrait imposer des limites à ma liberté puisque l’espace public appartient à tous, qu’il est partagé, pas divisé ? Devrais-je défendre mon petit territoire strictement égal jusqu’à la mort comme l’enseigne le dogme égalitariste ? Devrais-je fuir l’espace public pour pouvoir exister en tant qu’être humain comme l’enseigne le dogme laïciste ? Heureux les doux, ils ont la Terre en partage !

Oui, le Québec a un démon à exorciser. Comment peut-on aller de l’avant avec la honte de notre passé ? Le rejet de la religion catholique est injuste en regard de notre histoire, de l’histoire de toute la Terre, car son influence a été le plus grand guide social qui a fondé les valeurs qui nous sont très chères aujourd’hui et qui font que le Québec est une grande société. Notre foi chrétienne, vécue concrètement dans la religion et ensemble dans l’Église catholique, a bâti notre société actuelle, y compris les précieuses libertés qui la caractérisent et que certains veulent remettre en cause par peur des autres religions. Pour ceux qui sont capables de reconnaître sa valeur, cette religion est toujours à même de poursuivre cette construction partagée, cette construction sociale ouverte. Heureux les doux, ils ont la Terre en partage !

Comme vous, je vis dans ce monde; mais personne ne m’obligera à vivre comme ce monde, à croire dans ses lois humaines divinisées par des pharisiens et pharisiennes. Je vis dans ce monde; mais personne ne m’obligera à vivre comme ce monde, à vivre dans sa grande noirceur tranquille. Non, je ne vivrai pas le cul serré parce que certaines personnes ont peur, sont jalouses, sont frustrées, sont constipées. La constipation, ça se soigne autrement que par des lois pharisiennes.


Identité prisonnière

On ne peut parler d’accommodements sans parler du conformisme et du pouvoir de l’État...

De la conquête anglaise de la Nouvelle-France, jusqu’à la période de l’émergence des libertés individuelles dans les années 60, notre identité commune a toujours été d’être catholique, catholique bien avant d’être francophone, telle qu’exigée dans les termes de la reddition militaire de la Nouvelle-France. Avec cette clause de notre reddition militaire, qui n’était pas une reddition identitaire, nous avons fait de notre religion le cadre porteur, le bateau de sauvetage de notre identité commune pendant toutes ces années. Durant toute cette période de notre histoire, la religion catholique a été utilisée pour défendre notre identité commune. À cette période de notre histoire, la grandeur de la papauté et du pouvoir ecclésiastique était bien utile pour faire face au pouvoir de la Couronne britannique, celui des méchants Anglais protestants.

Le conformisme identitaire, cette arme de survie « tricoté serré », dont l’Église, la communauté catholique, n’a eu que le pouvoir moral d’imposer par sa hiérarchie, nécessitait un pouvoir temporel, le pouvoir d’institutions temporelles identitaires qui sont devenues ce qu’est l’État québécois tel que nous le connaissons. Aujourd’hui, l’Église catholique n’est plus considérée comme utile à notre identité commune, à notre forme commune, à notre conformisme, et même, parfois, elle est considérée comme nuisible à cette identité. Le sentiment généralisé est que nous ne voulons plus que ses dogmes religieux nous enferment dans un conformisme. Depuis que nous avons trouvé un nouveau cadre porteur de notre identité commune, nous avons jeté notre religion comme une vieille chaussette inutile, et sauté aveuglément dans le nouveau bateau de sauvetage de notre identité nationale; faisant ainsi, non plus de l’Église, mais de l’État, notre fer de lance identitaire; faisant ainsi de l’État celui qui est chargé d’imposer le conformisme dogmatique de l’identité NAtional avec tout le pouvoir qu’il possède.

Maintenant que l’État a acquis son plein pouvoir pour mener le bateau de sauvetage identitaire à sa guise, ou presque; il est facile de prôner la séparation de l’Église et l’État, et de faire de l’État, de ces lois et de ces dogmes, notre nouveau dieu identitaire qui doit être imposé à tous : une identité devant laquelle nous devons tous nous agenouiller et incliner la tête. Pour marquer le coup, d’une Église mère qui est reniée par le fils qu’elle a mis au monde, nous avons renommé notre conformisme identitaire : « La NAtion québécoise ». La religion d’État est née, une religion avec tout ce qui va avec. Les humoristes disent souvent que l’on ne peut pas faire de farce sur la religion. Êtes-vous prêt à rire d’une caricature de saint René Lévesque dont nous vénérons la mémoire glorieuse avec des noms de rue ? Je préfère la liberté des autres que de me faire imposer d’assister religieusement à la grande messe nationaliste d’État.

Maintenant, sommes-nous prêts à constater que notre identité commune est prisonnière ? Pouvons-nous aussi dire que l’État nous enferme, aujourd’hui, dans ses dogmes politiques actuels, dans un conformisme contraignant ? Devons-nous nous mettre à genou et prier l’État québécois de nous sauver ? Sommes-nous prêts à prôner, après une séparation de l’Église et de l’État, une séparation de la Nation et de l’État ?

De vos temples érigés pour vos idoles faites de mains d’Hommes, « il ne reste plus pierre sur pierre »...

Après avoir jeté à terre nos tours de Babel, et cette commission en est un bon exemple, bâtissons tout de même un abri temporaire pour le temps (et le lieu) où nous vivons ici.

L’identité québécoise ne se limite certainement pas à la langue française. C’est pourtant ce à quoi elle est limitée par l’État québécois. La Nation québécoise se résume-t-elle à la langue française sur un territoire limité ? L’identité québécoise est vouée à s’affadir jusqu’à disparaître si elle ne gagne pas son autonomie de l’État. L’étatisation de la Nation québécoise nous amène à nier notre histoire, notre culture, nos valeurs spécifiques, ce à quoi nous croyons, ce que nous sommes comme peuple. Étatiser la Nation ou nationaliser l’État ne mène qu’à des impasses. L’État-Nation doit mourir pour que la Nation, et l’État, puissent se développer. La Nation peut s’épanouir beaucoup plus facilement sans le cadre rigide de l’État. L’État peut être celui de tous s’il n’est pas pris dans le carcan de l’identité de la majorité. La Nation peut s’épanouir avec le soutien de l’État, si l’État est au service du bien des individus, s’il reconnaît la dimension sociale des individus et le bien que cela lui apporte, si l’État ne voit pas un groupe distinct comme une concurrence, mais comme un partenaire pour bâtir la société commune. L’État-Nation est mort. Vive l’État-Société et longue vie à la Nation québécoise !

Libérons notre identité de l’État. Libérons nos identités communes et individuelles du conformisme contraignant de l’État et du pouvoir politique.


Place publique et institutions

Le droit d’imposer le silence aux autres n’est pas une liberté fondamentale, mais la liberté d’expression est une liberté fondamentale.

Nier la liberté d’expression des uns revient à nier ses propres justifications pour le respect de ses propres libertés fondamentales. On ne peut justifier sa liberté d’expression si celle-ci est utilisée pour imposer le silence aux autres. Le droit d’imposer le silence aux autres n’est pas une liberté fondamentale. Les libertés d’expression, d’association et de religion, elles, sont des libertés fondamentales, libertés qui sont protégées par des droits. Il faut vraiment un gang d’extrémistes et d’intégristes pour prêcher contre les libertés fondamentales des autres. Non, les bandes d’extrémistes laïcistes ne nous enlèveront pas nos libertés fondamentales au nom de leur idéologie intolérante, de la même manière que cela existe dans les pays théocratiques qu’eux-mêmes dénoncent. Nous n’imposons pas le silence à ceux qui ne pensent pas comme nous, et les laïcistes ne nous imposeront pas le silence, même sur la place publique.

La liberté privée, c’est être privé de liberté.

L’espace public n’appartient pas à l’idéologie laïciste. L’espace public est partagé par nous tous, et tous nous pouvons nous y exprimer. Refuser ce contrat social d’un espace public partagé, c’est ouvrir la porte aux refus de nombreuses autres clauses de ce contrat social implicite.

La liberté privée, c’est être privé de liberté. Non, nous ne nous confinerons pas dans la prison dorée qu’on veut nous imposer. Nous ne sommes pas des criminels, nous n’avons pas tous à vivre dans nos prisons privées, dans nos vies privées, pour préserver une paix sociale factice. Nous ne sommes pas coupables jusqu’à preuve du contraire. Non, les laïcistes et idéologues de tous genres ne deviendront pas nos gardiens de prison. Non, je ne leur donnerai pas de contrat implicite, en gardant le silence, pour qu’ils puissent bâtir les murs de nos prisons avec leurs lois, leurs chartes et leur constitution. Pas un politicien ne peut tenir pour acquis qu’il a le mandat, pour notre bien à tous, de nous enfermer dans notre domaine privé. L’État est au service des citoyens. Un État démocratique ne doit pas contrôler le droit de penser des citoyens, sinon, ce n’est plus un État démocratique. Politiciens épris du bien commun, n’abusez pas du pouvoir que nous vous prêtons.

« La religion est l’opium du peuple. » Après 70 ans d’une idéologie politique laïciste en ex-URSS, on peut affirmer de la même manière que « les idéologies politiques laïcistes sont l’opium du peuple. » Non, personne ne nous enfermera dans notre domaine privé, même pour notre supposé bien à tous.

Les institutions publiques sont au service des personnes.

Pourquoi les institutions publiques existent-elles si ce n’est pour des personnes, des êtres humains ? Les institutions publiques sont au service des personnes, pas le contraire. Les institutions publiques doivent servir, pas accommoder selon leur bon vouloir les personnes. Certes, les institutions publiques n’ont pas d’obligations de résultat, mais elles ont des obligations de moyens, telles que clairement inscrit dans de nombreux jugements touchant les droits fondamentaux.

Les institutions publiques n’ont pas à juger de la pertinence d’un ajustement de ses services aux demandes particulières d’une personne, car ce jugement est nécessairement basé sur une opinion subjective. Les institutions publiques doivent seulement se demander si cet ajustement de service fait partie de son mandat, et qu’elles moyens elles peuvent prendre pour maximiser les services offerts en fonction des ressources disponibles et des demandes exprimées. Les institutions publiques ont des obligations de moyens, obligation de maximiser les services offerts dans son mandat en fonction des ressources disponibles. Les institutions publiques n’ont pas à déterminer si cet ajustement de service est pertinent. Ce n’est donc pas un accommodement raisonnable que la personne vient quêter aux institutions publiques qui doivent faire preuve de générosité, mais un ajustement des services qu’elles doivent rendre.

Nous ne cessons pas d’être des personnes du moment où nous pénétrons dans une institution, bien au contraire.

Doit-on bannir toutes les religions des institutions publiques ? Pourquoi une telle discrimination injustifiable ? Certaines personnes croient aux dieux du stade, et l’on utilise des fonds publics pour construire des temples du sport, que malheureusement seulement un petit nombre utilisent. Certaines personnes croient à l’inspiration des Muses, et l’on subventionne le vent des arts; arts qui n’ont d’ailleurs pas, eux, à justifier leur objectivité rationnelle. Certaines personnes croient à l’argent, à la richesse, et l’on priorise les politiques de l’État en fonction de leur désir. Certaines personnes croient que pour eux et leurs enfants, il y a quelque chose de bien mieux que tout cela, selon leur propre système de valeurs. Malheureusement, des biens pensants autoproclamés, paternalistes et maternalistes, refusent de manière injuste un service public à ceux-ci. Peut-on justifier cette discrimination ? Quel critère distinctif permet de justifier cette discrimination ? Peut-on justifier cette discrimination sans remettre en cause le contrat social implicite ? Doit-on remettre en cause le contrat social de tous ?

Quelle différence y a-t-il entre un esclave, nourri, logé, habillé; et les nombreux travailleurs qui n’ont que le moyen de se payer les mêmes choses ? Ce qui distingue l’un et l’autre est la reconnaissance de la dignité humaine du travailleur. Cette reconnaissance se fait par le respect des droits qui découlent des libertés fondamentales qui, elles, définissent la dignité humaine.

Nous ne cessons pas d’être humain, dont, entre autres, d’être religieux, lorsque nous travaillions; à moins que l’ont prétendre qu’un travailleur est esclave parce qu’il est payé. La religion hors du milieu de travail ? Croyons-nous en l’esclavagisme; en faisons-nous la promotion ? On doit respecter la dignité humaine des travailleurs. Pas par l’égalitarisme diviseur qui va jusqu’à nier l’humanité, nier la nature inégale des êtres humains, pour imposer ses dogmes; mais par des ajustements raisonnables, inégaux, mais raisonnables comme l’être humain aspire à l’être. Malheureusement, des centrales syndicales préfèrent faire la promotion de leur idéologie, avant de défendre et promouvoir la dignité humaine des travailleurs et la dignité du travail. Nier la religion en milieu de travail, c’est nier la dignité humaine du travailleur; c’est en faire un esclave afin de continuer à imposer un dogme égalitariste aveuglant.

Certaines personnes proposent un contrat d’accueil pour les immigrants ? Qu’est-ce qu’on accueille ? Un être humain ou un esclave ? On vous accueille si vous acceptez de penser comme on vous le dicte tout le reste de votre vie ? Qu’est-ce qu’on accueille ? Le Québec a-t-il besoin d’esclaves pour maintenir son niveau de vie et sa croissance ? Y aura-t-il deux catégories de citoyens : ceux qui sont libres, et les autres qui ne sont pas libres à cause du contrat qu’ils ont dû signer avant d’entrer ? Peut-on prétendre respecter la dignité humaine d’une personne lorsqu’on ne respecte pas les libertés fondamentales qui caractérisent ce que sont les aspirations humaines ? Moi, je suis ici depuis longtemps; je ne signerai pas votre contrat d’accueil, et je ne proposerai à personne de le signer. Je ne veux pas vivre dans une société esclavagiste. Si nous acceptons des immigrants, c’est sans condition supplémentaire. Pour les réfugiés, nous n’avons pas le choix de les accepter, du moins temporairement, par respect de la dignité humaine que nous partageons avec eux.

Non, on ne m’imposera pas la nouvelle idéologie laïciste, je ne me mettrai pas à genou devant la loi des Hommes, je ne baisserai pas la tête devant le dieu des pharisiens. Non, je ne retournerai pas chez nous, c’est ici chez nous depuis 10 générations. Non, je ne nierai pas mon histoire, ce en quoi je crois, mes valeurs, pour avoir le droit d’exister dans l’espace public québécois. Non, les laïcistes ne m’imposeront pas le silence ou de marcher le cul serré en public; ils ne l’imposeront pas plus à mes propres enfants.


Éducation

Puisque le futur des accommodements raisonnables dépend de l’éducation...

Traditionnellement, nous votions tous sans pièces d’identité. Pour contrer la fraude électorale, on a augmenté les mesures d’identifications lors du vote. Pour préserver notre tradition bien québécoise de voter sans pièces d’identité, nous nous sommes gardé la possibilité de nous identifier par un pair, un concitoyen. Notre hargne, nos peurs, notre jalousie, notre haine, nous ont amené à nous priver de cette tradition électorale. Ce qui nous guide, ce n’est pas le respect de nos libertés durement acquises, mais notre constipation. Non, ne faites pas de reproches aux immigrants et à leur religion; mais enlevons la poutre que nous avons dans l’oeil.

Des politiciens, tant provinciaux que fédéraux, ont retiré le droit à nos enfants d’avoir une éducation selon nos valeurs, parce que nous leur avons demandé, motivés par la jalousie, par nos frustrations, par nos peurs. Ce n’est pas les immigrants qui nous enlèvent quoi que ce soit, c’est nous qui nous imposons de marcher le cul serré. Avant de dire aux immigrés qu’ils n’ont pas de place chez nous, nous devrions commencer à admettre que nous pouvons vivre chez nous, vivre sans avoir à nous battre contre les constipations jalouses des gens de chez nous.

Éducation neutre, ou neutraliser l’éducation ?

Beaucoup de gens affirment qu’à l’école on doit enseigner des vérités, des faits vérifiés, des connaissances neutres, immanentes, concrètes, des faits utiles.

Il n’y a pas longtemps, le ministre de l’Éducation du Québec a dû intervenir pour déterminer quelle histoire du Québec serait enseignée à nos enfants, à mes propres enfants. L’histoire ne serait donc pas une vérité neutre et vérifiée ? Le ministre de l’Éducation a-t-il le droit d’imposer ses vérités politiques aux enfants sans respecter aussi leurs parents ? Oui, le ministre de l’Éducation se donne ce pouvoir en contradiction de notre constitution, mais aussi à l’encontre de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui affirme que : « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. » (Art. 26, para.3)

En science physique, on enseigne la loi de la gravitation universelle de Newton. Comme vous tous, j’ai vu beaucoup de choses tomber, et j’ai ressenti l’effet du poids à de nombreuses reprises. Mais, après des études en génie mécanique, je peux vous dire que, malgré de nombreuses analyses scientifiques, je n’ai jamais vu de mes yeux de force gravitationnelle. On m’a toujours enseigné, dans mes cours de science, que la cause de ce que j’avais vu était une force, mais ce que j’avais vu n’était qu’un effet auquel on attribut une cause invisible, la force, une cause qui transcende notre monde perceptible. On m’a toujours enseigné, dans mes cours de science, que cette force invisible proviendrait d’un concept humain, concept apparu après que son auteur ait reçu un coup sur la tête ! Heureux ceux qui croient sans avoir reçu de coup sur la tête !

Depuis le temps où l’on a fait de ce concept scientifique une loi, un dogme de la science, il a été démontré que cette loi était fausse. Pourtant, on enseigne toujours cette loi, ce dogme scientifique, dans nos écoles laïcisées. Cette loi scientifique est un très bon outil pour les ingénieurs de ce monde; mais beaucoup de gens, modernistes des « lumières », gens prétendument évolués, et laïcistes en tête, n’hésitent pas à faire de cette science un dieu auquel tous doivent croire sans avoir vu. Pourquoi nos enfants devraient être contraints, par le ministre de l’Éducation, entre autres, de se mettre à genou devant les dieux des autres ? Devrait-on retirer cette matière de l’enseignement parce qu’il y a un risque que certaines personnes deviennent des intégristes avec cette connaissance ?

Les mathématiques, sciences exactes par excellence, sciences de la pureté logique. Un des éléments majeurs de l’enseignement des mathématiques dans nos écoles, mais aussi dans notre conception du monde, est la géométrie. La géométrie n’est-elle pas une vérité tellement évidente qu’elle s’impose à nous, esprits cartésiens ? Mais quelle géométrie enseigne-t-on dans nos écoles ? Oui, il y a plusieurs géométries, qui se contredisent toutes, et qui affirment toutes qu’elles ont raison. À une certaine époque, la Terre était considérée comme plate. C’était un fait scientifiquement vérifiable à pied, à cheval ou par bateau aussi loin et aussi haut qu’on pouvait aller. Aujourd’hui, dans nos écoles, on enseigne la géométrie euclidienne, la géométrie d’un univers plat et uniforme; uniformité qui a été remise en question par Einstein. Il y a pourtant une autre géométrie, celle riemannienne, qui propose un univers sphérique. Une folie selon la conception actuelle, une folie peut-être analogue à celle de certains fous qui avaient proposé une Terre ronde à l’encontre d’un large consensus, d’un consensus universellement reconnu à son époque. Cet univers riemannien remet en cause un axiome, un dogme de la géométrie euclidienne si évident à nos esprits cartésiens, si probable selon notre conception largement partagée. Toutes certitudes, même une évidence qui s’impose à notre esprit cartésien, même cette vérité dont on ne peut douter que l’on doute, n’est pas vérifiable, n’est même pas probable, n’est pas une connaissance neutre. Non, il n’y a pas de vérités certaines ou neutres, même en mathématique.

Nous ne possédons aucune certitude pour avancer, nous sommes condamnés à croire sans avoir vu l’extrémité de l’univers pour pouvoir avancer dans nos vies. Ceux qui exigent des preuves se condamnent inévitablement à une insatisfaction éternelle, au malheur. Heureux ceux qui croient sans avoir vue !

Nos grandes pseudo vérités humaines ne sont que de la poussière dans le Vent de l’histoire.

Devons-nous enfermer irrémédiablement tous nos enfants dans nos concepts qui font consensus ? Devons-nous laisser au ministre de l’Éducation le pouvoir d’imposer à tous une vision largement répandue comme une vérité immuable, une pseudo vérité dans laquelle tous nos enfants seront enfermés justement parce qu’aucun d’entre eux n’aura connu d’autres choses que nos consensus nationaux ?

Les parents n’ont pas le choix, eux, d’envisager l’éducation de leurs enfants dans une perspective d’autonomie. Cette autonomie de leurs propres enfants est inévitable pour eux. L’État, lui, n’a pas à le faire, car même à l’âge adulte, nos enfants seront soumis aux lois de l’État. Qui est le plus apte à protéger les libertés de nos enfants ? Peut-on prétendre que notre État est démocratique lorsque l’État s’accorde le droit absolu de décider ce que les gens formant la démocratie doivent penser ? Qui est le plus en mesure de préserver la démocratie future, la liberté de nos propres enfants ?

Certaines personnes rejettent les explications transcendantes du monde par les religions et refusent leur enseignement dans nos écoles. Seules les vérités immanentes doivent y être enseignées ? Elles sont les seules vérités utiles dans notre monde ? Pourtant, on enseigne la transcendance en mathématique ! Si vous voulez expliquer ce monde uniquement par l’immanence, les mathématiques, elles, font appel à un monde imaginaire, à un nombre imaginaire, à un concept transcendant, pour expliquer le monde immanent. Quel est ce nombre imaginaire et pourtant bien réel selon la science mathématique ? Ce nombre a une infinité de valeurs possibles, il peut être partout, nous ne pouvons le fixer, nous ne pouvons le représenter autrement que par un symbole. Le nombre imaginaire, pas irréel, est suffisamment concret comme science appliquée que la quasi-totalité de l’électricité fabriquée par les génératrices de notre société d’État est basée sur cette notion scientifique de nombre imaginaire que les ingénieurs utilisent dogmatiquement dans leur travail. Oui, même la transcendance est très utile dans notre monde d’aujourd’hui, dans notre monde éclairé par la science.

« La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. » Vers la contemplation, par vers la possession de la vérité.

« Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. » Les parents ont le droit de choisir l’éducation de leurs propres enfants, y compris l’enseignement d’une religion et le refus d’autres enseignements, et ce, même dans une école publique. Remettez en cause ce droit, et vous remettez en cause tout le contrat social. Ce n’est pas un accommodement que les parents quêtent à l’État si bienveillant; mais c’est le respect des droits et libertés de leurs propres enfants que les parents exigent. N’accommodez pas les parents; respectez les enfants.


Conclusion

J’ai apprécié que cette commission donne la parole à tous; qu’elle permet enfin à tous de s’exprimer sans être contraints de se conformer à un langage et des idées politiquement corrects, à une rhétorique stérile et stérilisante ! Cette commission aura eu l’avantage de permettre à tous de s’exprimer sans se faire imposer le silence face aux tabous de notre société. Dans notre « grande noirceur » tranquille et tranquillisante, les tabous existent toujours, ils n’ont que changé de forme. Enfin, certains ont eu le droit d’allumer une lumière dans la noirceur imposée.

Bien que je reconnaisse les bienfaits et que j’apprécie que tous aient pu s’exprimer devant cette commission, je rejette complètement et inconditionnellement toutes les conclusions de celle-ci. Il est évident que les conclusions de cette commission seront instrumentalisées afin d’imposer une norme d’accommodement; accommodements qui sont inconstitutionnels et irrespectueux des libertés fondamentales, de la dignité humaine de tous. Non, le pouvoir politique ne pourra faire un usage sélectif de vos conclusions en prétendant me représenter; usage qui deviendra inévitablement un slogan politique, et par la suite un conformisme d’État, un conformisme étatisé tellement utile pour exercer un pouvoir politique aliénant. Chaque fois que les membres de l’Assemblée nationale se sont accommodés entre eux, qu’ils ont voté à l’unanimité sur quoi que ce soit, les citoyens y ont perdu quelque chose au profit d’un conformisme politique.

Bien que je rejette complètement et inconditionnellement toutes les conclusions de cette commission, je ne rejette pas le forum de discussion qui s’y est tenu, je ne rejette pas les personnes qui s’y sont exprimées. Je respecte tous ceux qui s’y sont exprimés, et je tente d’en apprécier la contribution de tous. J’invite tous ceux qui le veulent bien, qui le veulent explicitement, à affirmer clairement qu’eux aussi rejettent le conformisme que l’on ne manquera pas de vouloir nous imposer à la suite de cette commission, et même avant la conclusion de celle-ci. Non aux moralisateurs politiques et médiatiques contraignants. Je ne vote pas, ni n’appuie aucune de ces personnes qui peuvent prétendent me représenter, me comprendre ou vouloir mon bien.

Finalement, pour fermer la boucle amorcée par eux; que les prêcheurs médiatiques, les journalistes, cessent de nous abrutir avec ce qu’ils sont allez chercher au « fast-food » des idées.

Parce que certaines personnes sont constipées, elles veulent que tout le monde marche le cul serré. Bonne nouvelle : La constipation, ça se soigne !